La Valeur Travail > la Valeur Capital
Je lis régulièrement l’hebdomadaire économique « Challenges ». Il m’intéresse car il offre une approche originale des hommes et des femmes qui font l’économie. Le numéro de cette semaine offrait une interview de Stephen Roach, le chef économiste de Morgan Stanley, en d’autres termes, un des « papes de la finance ». Ce véritable gourou des investisseurs anglo-saxons nous explique que nous allons assister dans les prochaines années à une nouvelle répartition des gains entre « capital » et « travail ». Il estime que 2006 a connu un pic avec un capital représentant 15,7 % de la valeur ajoutée ; alors que le travail est tombé à 53,7 %. Il explique que les salariés ont certes peu de pouvoir de négociation dans notre modèle capitaliste actuel, mais qu’ils portent au gouvernement de plus en plus fréquemment des majorités de gauche qui rééquilibrent l’adéquation entre la valeur travail et la valeur de l’argent (cf. Espagne, chambre des démocrates aux USA, Italie… peut-être la France demain). Ce qui m'interpelle et me conforte dans mes choix, c’est qu’il conclut au besoin de revaloriser les salaires pour éviter une économie totalement virtuelle et déconnectée d’une très grande majorité des travailleurs. Je ne compte pas entrer ici dans des considérations trop techniques, mais je souhaite vraiment que la tendance décrite par ce financier reconnu de ses pairs se confirme. Car je crois que nous connaissons depuis trop longtemps un déséquilibre en faveur de conglomérats mondiaux et de grands groupes financiers (fonds de pension et autres…). Le schéma vanté à tout crin d’une mondialisation « gagnante-gagnante » pour tous a fait son temps. Les gens ne sont plus dupes. Car pour ma part, si je suis un entrepreneur qui pense pouvoir prétendre bien connaître le monde de l’entreprise ; je pense aussi qu’il faut une vraie régulation pour que les effets pervers du système ne se retournent pas systématiquement contre les plus faibles et les plus démunis. Je crois à la force « marché » qui a montré sa capacité à créer des richesses ; mais je suis convaincu aussi au besoin d’en canaliser son fonctionnement pour répartir la valeur ajoutée créée et faire en sorte de disposer de moyens pour intervenir sur les sujets où le secteur privé n’est pas pertinent. Je pense particulièrement à l’éducation, à la justice, à la sécurité et à la santé. Reste alors à la puissance publique à être performante et efficace.