Var Matin 2003 : ECO Var : un plan stratégique pour sauver l'agriculture

ECO Var : un plan stratégique pour sauver l'agriculture

"Source de « développement collatéral » le monde agricole veut augmenter son chiffre d'affaires de 15 % (en euros constants) d'ici 2013.

La surface agricole utile est, dans le Var, de 85 000 hectares dont 20 000 ha de pâturage. Elle était de 245 000 ha au début du siècle et de 150 000 ha en 1960.

En 1980, le Var et les Alpes-Maritimes comptaient le même nombre d'exploitants qui réalisaient un chiffre d'affaires identique. En 2002, les Alpes-Maritimes réalisaient 10 % du chiffre d'affaires de l'agriculture varoise et avaient perdu la moitié des exploitants.

Ces données ont amené la chambre d'agriculture du Var, présidée par Claude Bonnet, Michaël Latz animant la commission prospective, à lancer une réflexion très approfondie et unique en France sur l'avenir du secteur, « facteur de développement collatéral », et donc sur « une meilleure utilisation de l'espace varois ».

L'agriculture est créatrice de richesses. Très peu aidée, elle a réalisé, en 2002, un chiffre d'affaires de 622 Me. Elle a représenté, en valeur, 50 % des exportations varoises. Elle a produit 50 % des rosés (en AOC) du monde et 50 % des fleurs coupées françaises. Enfin, elle génère 18 500 emplois directs, 3 900 indirects et 15 000 induits soit 14 % de l'emploi départemental.

Le projet stratégique présenté hier doit permettre à l'horizon 2013, avec la même surface utilisée, d'augmenter de 15 % (en euros constants) le chiffre d'affaires et d'autant le nombre de salariés permanents (3 700 actuellement).

Pour y parvenir, trois axes ont été privilégiés. Il s'agit d'abord de bâtir des projets économiques structurants pour chacune des 48 productions départementales. Pour les plus importantes, le rosé, l'horticulture, l'élevage, le maraîchage, les céréales, les pépinières un plan détaillé a été élaboré, définissant la stratégie, les actions à mener, désignant les acteurs et le pilote et énonçant les résultats attendus.

Préserver l'espace

Ensuite, la chambre d'agriculture propose de valoriser les territoires en adaptant à chacun d'eux des projets économiques par filières. Et ce en synergie étroite avec les collectivités locales. Une expérience a été lancée sur les 41 communes de l'aire Brignoles/Saint-Maximin.
Mais tout cela serait vain si le Var n'est pas capable de « sauvegarder l'espace agricole ». Pour les responsables « cet axe doit mobiliser l'ensemble de la société car il dépasse les seules capacités du monde agricole ». Ils proposent notamment l'élaboration d'une charte départementale pour la gestion des espaces varois qui serait signée par les municipalités, le conseil général, l'Etat. Elle devrait prévoir notamment que toute réalisation d'intérêt public (TGV, route, collège), consommatrice de terres agricoles, ne donnerait pas lieu à indemnisation mais à compensation. A tout hectare de terre agricole prélevé devrait se substituer du foncier non agricole.

Le plan propose également la création de zone agricole protégée intelligente pour permettre le développement des exploitations concernées, ce que ne permet pas l'actuel texte sur les zones agricoles protégées.

Pour lutter contre la spéculation et le déclassement de terres agricoles, il est proposé une nouvelle taxe foncière sur les terrains constructibles, non bâtis et non cultivés.
Et pour favoriser les communes protectrices de l'agriculture - si elle est un gros contribuable pour l'Etat via la TVA, elle en est un petit pour les collectivités - le plan stratégique propose la mise en place d'une dotation, pour mieux gérer l'espace disponible sur le long terme.
Le plan présenté par Claude Bonnet et Michaël Latz est la première réflexion aboutie sur l'aménagement du territoire varois."

Issalis Philippe / FOURNIOUX - voir Var Matin